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Turbo négoce tisse petit à petit sa toile

Vingt ans après sa création et un développement régulier d'abord en céréales, puis en appro, Turbo négoce ne manque pas de projets. Bien au contraire !

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«Mon père, Philippe Turbaux, était agriculteur et jusqu'à la fin des années 1980, négociant en pommes de terre, explique Marcel Turbaux, PDG de Turbo négoce, négociant en céréales installé à Lehaucourt « Nous dialoguons avec nos clients agriculteurs, de patron à patron, en toute confiance et en toute indépendance », explique Marcel Turbaux, aujourd'hui seul à la tête de Turbo négoce, à quarante ans. dans l'Aisne, au nord de Saint-Quentin. A l'époque, la conjoncture n'était pas très favorable aux pommes de terre, nous aurions pu investir dans le lavage des tubercules mais c'est finalement vers les céréales que nous nous sommes tournés. » Après un galop d'essai en partenariat avec d'autres négociants, Philippe et son fils, encore étudiant, décident de créer en 1990, Turbo négoce. « Nous avons démarré avec une collecte la première année de 5 000 t et nous nous sommes spécialisés dans des créneaux de niche de type Camp Rémy », se souvient Marcel Turbaux, quarante ans, aujourd'hui seul à la tête de l'entreprise. C'est à partir de 1994 avec son arrivée dans l'entreprise familiale que l'activité négoce va réellement prendre son envol. Deux silos de 12 000 t voient le jour, un pour stocker la collecte et le deuxième destiné aux céréales mises à l'intervention. Le bouche à oreille fonctionne bien et le tout jeune négoce de l'Aisne étend petit à petit sa clientèle aux départements voisins de la Marne, de la Somme, du Nord et du Pas-de-Calais.

Lorsqu'il fête ses dix ans en 2000, le négociant compte trois personnes et une collecte de 20 000 t. Depuis, l'activité de Turbo négoce continue à progresser dans une région qui compte peu de négociants en céréales et où plusieurs d'entre eux ont été rachetés par des coopératives. Si l'entreprise s'est intéressée dans un premier temps, exclusivement à la vente de céréales, elle a ensuite mis un pied dans l'approvisionnement en lançant, il y a dix ans, une activité engrais de base et semences. « Cette activité s'est petit à petit structurée et pour compléter notre gamme appro dans un deuxième temps, nous avons ajouté des produits phytosanitaires en 2007, précise le négociant. Nous avons ensuite décidé pour gagner en compétitivité de rejoindre, il y a deux ans, le groupe Act'Appro (Etnos) qui associe aujourd'hui quatorze négociants et qui est actionnaire du groupe Symphonie. » L'entreprise bénéficie ainsi de la plate-forme de stockage de Ternas, près de Saint-Pol-sur-Ternoise, qui réceptionne, stocke, prépare et expédie les commandes en direct dans les exploitations agricoles. En 2009-2010, l'activité engrais est toujours dominante puisqu'elle représente un chiffre d'affaires de 3 M€, avec 1,5 M€ pour les produits phytos et 500 000 € pour les semences, mais les produits de protection des plantes sont en plein essor. « Nous comptons passer très rapidement à un chiffre d'affaires de 5 M€ en phytos et 12 M€ pour l'ensemble de l'approvisionnement », indique Marcel Turbaux.

Une collecte multipliée par six en dix ans

Depuis 2000 l'activité collecte s'est, elle aussi, fortement développée puisqu'elle a été multipliée par six au cours des dix dernières années et le chiffre d'affaires global de l'entreprise a atteind 15 M€ lors du dernier exercice et devrait vraisemblablement être proche de 35 M€ en 2010-2011. Par ailleurs, l'effectif du négociant est passé à douze personnes. « Nous Depuis 2000 l'activité collecte s'est, elle aussi, fortement développée puisqu'elle a été multipliée par six au cours des dix dernières années et le chiffre d'affaires global de l'entreprise a atteind 15 M€ lors du dernier exercice et devrait vraisemblablement être proche de 35 M€ en 2010-2011. Par ailleurs, l'effectif du négociant est passé à douze personnes. « Nous collectons aujourd'hui, environ 120 000 t de céréales et d'oléoprotéagineux, précise le négociant. Le blé vient toujours largement en tête avec environ 80 000 t devant, à peu près dans les mêmes proportions, l'escourgeon, l'orge de brasserie et le maïs. « Nous comptons aujourd'hui 700 clients agriculteurs dans les deux axes Arras-Reims et Guise-Amiens et nous avons la chance de travailler dans une région où les sols disposent d'un bon potentiel agronomique », ajoute-t-il. Le jeune négociant a su investir dans des capacités de stockage pour accompagner cette croissance puisqu'il dispose actuellement d'une capacité de stockage de 80 000 t, répartie dans sept sites de collecte différents.

Des marchés de niche à l'export sur pays tiers

S'il continue à commercialiser des céréales sur les marchés de niche, ce débouché ne représente désormais qu'une petite partie de ses ventes. Selon les années et la qualité de la production, ces céréales sont destinées soit à la meunerie, soit à l'alimentation animale, soit à l'exportation via les ports de Rouen ou de Dunkerque. Turbo négoce achète les céréales aux agriculteurs essentiellement sur la base de prix fermes ou à un prix moyen, mais il leur offre également un accès au marché à terme. « Le point fort d'une structure légère comme la nôtre est de savoir prendre des décisions très rapides, d'être très réactifs vis-à-vis des marchés. C'est aussi la proximité avec nos clients agriculteurs. Nous dialoguons avec nos clients de patron à patron, en toute confiance, et en toute indépendance », souligne Marcel Turbaux. En d'autres termes, pas de messages compliqués et de courriers interminables, le négociant privilégie le contact direct de son équipe avec les agriculteurs. La seule exception qu'il se permet est l'envoi de textos, jusqu'à trois par jour les jours de forte tension, sur les téléphones portables de ses clients pour leur permettre de suivre l'évolution des cours.

Un leitmotiv, la défense des agriculteurs

Le négociant est d'ailleurs toujours lui aussi agriculteur puisqu'il exploite une ferme de 400 ha à Lehaucourt, consacrée aux céréales. C'est sans doute ce qui explique qu'il soit aussi proche de ses clients. « Je me suis engagé syndicalement auprès des jeunes agriculteurs, après mon installation, explique Marcel Turbaux. Ce qui me guide toujours aujourd'hui, c'est vraiment la défense des intérêts des agriculteurs. C'est leur permettre de valoriser au mieux leur collecte et leur offrir leurs produits d'approvisionnement au prix le plus compétitif possible. »

Le fait de disposer d'une exploitation agricole, permet au négociant d'être confronté, au quotidien, aux contraintes des agriculteurs aussi bien d'un point de vue technique et économique que réglementaire et ainsi de mieux répondre à leurs attentes.

Turbo négoce a d'ailleurs accueilli sur sa ferme en 2010 pour son vingtième anniversaire, la plate-forme d'expérimentation du groupe Clef (Act'Appro + 10 négoces) qui a été visité en juin dernier par ses clients agriculteurs, mais aussi par les plus de cent vingt technicocommerciaux du groupement. Aujourd'hui, vingt ans après sa création, le moins que l'on puisse dire est que Turbo négoce ne manque pas de projets.

Projets d'embauches et de nouveaux silos

En approvisionnement, le négociant de l'Aisne est en forte croissance. En collecte, après avoir investi 1 M€ dans le stockage au cours du dernier exercice, il a prévu d'implanter, dès cette année, de nouveaux sites près de Laon, à Saint-Quentin dans l'Aisne, et à Bapaume dans le Pas-de-Calais. De même, il envisage d'en créer un en plus dans la Somme et de se doter d'ici à deux ans d'un silo portuaire près de Douai, dans le Nord. Son objectif est de continuer à accroître sa collecte en étendant son activité aux secteurs géographiques où il est moins bien implanté et de passer rapidement la barre des 200 000 t de céréales collectées. Il s'intéresse aussi à la première transformation et pourrait mettre un pied dans la création d'une petite unité de meunerie ou de malterie pour fournir par exemple les microbrasseries.

Turbo négoce a aussi prévu en 2011 de moderniser son outil informatique et d'ouvrir un site internet comprenant une partie échanges avec les agriculteurs d'ici quelques mois. Pour accompagner cette évolution, il va étoffer son équipe avec l'embauche de deux nouveaux technico-commerciaux, d'un responsable logistique appro et d'un responsable financier afin d'offrir de nouveaux services de couverture aux agriculteurs. Créé de toutes pièces en 1990, Turbo négoce s'est jusqu'à présent développé très discrètement. C'est aujourd'hui un négociant avec lequel il faut compter dans le grand nord de la France.

Blandine Cailliez

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